Biomarqueurs bactériens pour l'évaluation du potentiel d'atténuation de pollutions complexes
Abstract
L'activité industrielle chimique a engendré dans le monde entier des pollutions des sols et des eaux parfois très complexes et regroupant plusieurs familles de polluants organiques ( BTEX, DCE, TCE, DCA, MCB, DCB, TCB...), oxyanions (perchlorate et chlorate), éléments métalliques (Hg, As), etc. En fonction de leur nature, ces composés sont soit très mobiles, soit relativement sédentaires, mais ont tous en commun leur persistance dans l'environnement et leur forte toxicité. Ces polluants sont tous susceptibles d'être dégradés ou transformés par des microorganismes, ce qui laisse envisager des possibilités de bioremédiation écologique et à moindre coût, à condition de bien évaluer des panaches de pollution et le potentiel de dégradation exploitable. Dans ce contexte de sites pollués, notre approche est d'utiliser des biomarqueurs microbiens, à savoir des gènes fonctionnels spécifiques (diversité, abondance), afin d'évaluer ce potentiel de biodégradation ou biotransformation, voire de contribuer à l'identification des zones sources de pollution, en lien étroit avec la caractérisation (initiale et dynamique) des sols et eaux des sites. Cette approche sera présentée, ainsi qu'un exemple concret d'application en contexte de multi-pollution et orienté sur les gènes spécifiques de l'oxydation (gène dhlA) et la réduction (gènes dca) du 1,2 DCA, et la réduction des perchlorates (gène pcrA) ainsi que le lien entre présence et abondance des gènes et réelle activité de dégradation des molécules ciblées. Les résultats obtenus et la spécificité des gènes ciblés ouvrent des perspectives intéressantes pour l'utilisation de ces outils microbiologiques dans le diagnostic, le suivi et la remédiation de sites pollués.