Effet d'une recharge artificielle par des eaux usées traitées sur la qualité des eaux de la nappe côtière de Korba, Cap-Bon, Tunisie - BRGM - Bureau de recherches géologiques et minières Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2012

Effet d'une recharge artificielle par des eaux usées traitées sur la qualité des eaux de la nappe côtière de Korba, Cap-Bon, Tunisie

Résumé

Les aquifères côtiers méditerranéens sont fortement sollicités, notamment en raison des activités agricoles intensives, en contexte semi-aride ou aride. La qualité des eaux de nappe est fréquemment dégradée par différents processus : l'intrusion salée, l'infiltration des eaux d'irrigation, les pollutions diffuses... Dans ce contexte, la nappe de Korba-Mida de la côte orientale du Cap-Bon de Tunisie subit une surexploitation illustrée par l'accroissement du nombre de puits: de 270 puits en 1962 (Ennabli, 1980) à 9239 puits en 2004 (CRDA, 2005). Depuis les années 60, un suivi spatio-temporel qualitatif et quantitatif des eaux souterraines à l'aide de différentes méthodes géochimiques et géophysiques a mis en évidence une inversion du gradient hydraulique et une intrusion saline (Ennabli, 1980 ; Kouzana et al., 2009a ; 2009b ; Kouzana et al., 2010) et le fonctionnement hydrogéologique de la nappe a été modélisé (Kerrou et al., 2010 ; Mekni et al., 2011 ; Panicoti et al., 2001a; 2001b ; Zghibi et al., 2011). Cruciale pour l'agriculture locale, l'amélioration de la qualité de la nappe, dépendante d'une gestion rationnelle de la ressource, a conduit à la mise en place d'une recharge artificielle de la nappe par des eaux usées traitées de la station d'épuration de Korba fin 2008. Depuis, trois campagnes de prélèvements annuels en juillet ont permis de suivre l'évolution ponctuelle de la qualité de l'eau de nappe et l'efficacité de la recharge artificielle, notamment avec l'utilisation des isotopes du Bore. L'impact quantitatif de la recharge fait l'objet d'une autre communication (Mekni et al.). Parmi les eaux souterraines, deux ensembles de signatures et de compositions chimiques se distinguent : (1) un pôle "nappe superficielle" à signatures δ11B typiquement marines (35 ‰ < δ 11B < 40,6 ‰), associées à des teneurs relativement faibles en Bore (18 mmol.L-1 < [B] < 20 mmol.L-1) ; (2) un pôle " nappe de sebkha " à signatures isotopiques en Bore comprises entre 41,5 et 48 ‰ et témoignant d'un enrichissement par rapport à l'eau de mer. Ces valeurs permettent de confirmer une forte influence marine et une dilution par des apports d'eaux douces, comme suggéré par les teneurs en bore (40 à 50 mmol.L-1) nettement inférieures à celles de l'eau de mer. La signature isotopique δ 11B des eaux usées traitées de la station de Korba évolue entre 10,7 ‰ et 13,9 ‰, à des concentrations entre 63 et 350 mmol.L-1. La variabilité des concentrations en bore peut être due à la diversité des contributions d'eaux usées (domestique, usines agroalimentaires ou de traitement du cuir...). L'impact de la recharge artificielle sur la qualité des eaux de nappe est variable selon les années. De 2009 à 2010, l'eau usée traitée se mélange avec les eaux de nappe, à hauteur de 60 % dans les piézomètres autour de la station d'infiltration, et entre 10 et 20 % dans les puits des agriculteurs dans un rayon de 5 km. Bien qu'encore visible dans un piézomètre de contrôle, cette dynamique de mélange est interrompue en 2011. L'ensemble des signatures des eaux des puits est de nouveau proche de celle de 2009. Deux hypothèses sont proposées : (1) la recharge artificielle est réalisée dans les mêmes conditions qu'en 2010 et les prélèvements pour l'irrigation ont augmenté, (2) la recharge ne s'est pas faite avec des volumes comparables, et les conditions de 2009 se rétablissent. L'analyse des niveaux piézométriques en cours (Mekni et al.) permettra de conclure sur l'efficacité de la recharge. Celle-ci est d'autant plus discutable qu'une simple analyse physico-chimique montre que les eaux usées infiltrées ont une conductivité forte (5,15 mS/cm en 2009 et presque 10 mS/cm ultérieurement), avec des concentrations en Cl et Na atteignant respectivement 78 et 74 mmol/L. Les teneurs en Na sont supérieures à celles trouvées dans les puits, notamment ceux abandonnés pour cause de salinisation. A terme, les conséquences en termes qualitatifs pourraient n'être aucunement favorables à l'agriculture et causer une dégradation importante des sols.
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Dates et versions

hal-00772751 , version 1 (11-01-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00772751 , version 1

Citer

Lise Cary, Joël Casanova, Amira Mekni, Catherine Guerrot, Noureddine Gaaloul. Effet d'une recharge artificielle par des eaux usées traitées sur la qualité des eaux de la nappe côtière de Korba, Cap-Bon, Tunisie. Dix-huitièmes journées techniques du Comité Français d'Hydrogéologie de l'Association Internationale des Hydrogéologues, Mar 2012, Cassis, France. 8 p. ⟨hal-00772751⟩

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