Evaluation de l'impact éco-toxicologique résultant de l'usage de médicaments antiparasitaires en élevage extensif

Pierre Galtier (1) , Michel Alvinerie (1) , Philippe Berny (2) , Jean-Claude Fournier (3) , Dominique Kerboeuf (4) , Jean-Pierre Lumaret (5) , Christian Mougin (6)

1 UPT - Unité de recherche Pharmacologie-Toxicologie
2 MET - Mycotoxines et Toxicologie Comparée des Xénobiotiques
3 MSE - Microbiologie du Sol et de l'Environnement
4 PAP - Station de Pathologie aviaire et parasitologie [Nouzilly]
5 CEFE - Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive
6 UPMC - Unité de recherche Phytopharmacie et Médiateurs Chimiques

Les endectocides de type avermectines (ivermectine, abamectine, doramectine) ou mylbémycines (moxidectine) constituent un groupe de produits à large spectre insecticide et nématocide, très utilisées dans le monde entier. Etant donné leurs caractéristiques pharmacodynamiques (large spectre d’action) et pharmacocinétiques (faible métabolisation, longue rémanence, excrétion fécale), ces molécules font aujourd’hui l’objet d’une vigilance scientifique particulière. Or, l’autorisation de mise sur le marché de l’ivermectine sous la forme de bolus intestinal à relargage progressif du produit a précédé de peu la promulgation de la directive 93/40/CEE. Ainsi, l’évaluation du risque écotoxicologique associé a été sommaire, alors que des travaux scientifiques antérieurs avaient déjà attiré l’attention sur le risque environnemental de cette molécule. Nos travaux ont montré que l’ivermectine administrée sous forme de bolus intra-ruminal se retrouve à des concentrations importantes dans les fèces de bovins pour une période supérieure à deux mois après le début du traitement. L’éprinomectine distribuée par voie trans-cutanée est excrétée à raison d’un cinquième de la dose par voie fécale, avec des concentrations maximales au cours de la première semaine suivant l’administration. L’exposition d’insectes coprophages à des bouses provenant d’animaux traités a démontré l'effet toxique de l'ivermectine sur le développement larvaire d'Aphodius constans (Coléoptère, Aphodiidae) à de faibles concentrations. L’ivermectine biologiquement active vis-à-vis des nématodes reste présente dans les bouses pendant une période prolongée après l’administration du bolus. Toutefois, la biodisponiblité pour les nématodes semble faible mais les concentrations existantes encore actives, semblent suffire pour entraîner la sélection de parasites résistants. Les études réalisées sur les bactéries et champignons du sol n'ont pas permis la mise évidence d'effets globaux de l'ivermectine malgré l'utilisation de concentrations de produit très en excès des concentrations attendues dans le sol. Ces résultats sont probablement en rapport avec la faible biodisponibilité de l'ivermectine résultant de sa très faible hydrosolubilité. Le bivalve d’eau douce Dreissena polymorpha est un mollusque dont l’activité de filtration lui confère un pouvoir de bioaccumulation des composés organiques ou minéraux. En aquarium, ces mollusques ont été exposés à de l’ivermectine incorporée à des microparticules. En fait, la sensibilité des dreissènes à l’ivermectine est très marquée et compatible avec une exposition à des résidus dissous.

Domaines: Sciences du Vivant [q-bio]

Pierre Galtier, Michel Alvinerie, Philippe Berny, Jean-Claude Fournier, Dominique Kerboeuf, et al.. Evaluation de l'impact éco-toxicologique résultant de l'usage de médicaments antiparasitaires en élevage extensif. Séminaire du programme PNETOX 2002, Oct 2002, Paris, France. ⟨hal-01600184v2⟩